Comment les terminaux mobiles favorisent la conception gigogne des contenus et services

Saviez-vous que le web avait fêté ses 25 ans en août dernier ? 25 années d’évolution qui ont été marquées par deux phénomènes : l’infobésité et la mobilité. Si nous avons trouvé quelques parades au problème d’infobésité (moteurs de recherche contextuels, outils de veille auto-apprenants, services en ligne proposant des synthèses de l’actualité…), j’estime que nous sommes encore en phase de transition en ce qui concerne la mobilité. Il n’est pas simple de remettre en cause deux décennies pendant lesquels les contenus et services en ligne ont été conçus pour des internautes utilisant des ordinateurs. Avec l’avènement des smartphones, les usages évoluent et forcent les éditeurs à revoir leur approche.

Il paraît qu’en 2020, il y aura plus de 6 milliards de terminaux mobiles. Un chiffre qui fait sourire tant il est énorme, et pourtant, il y a actuellement près de 3 milliards de smartphones en circulation dans le monde. Le taux de pénétration des smartphones en France avoisine les 65% (soit près des 2/3 des adultes), de quoi se poser des sacrées questions sur la meilleure façon de toucher les consommateurs. Ces dernières années, Apple a essayé de nous faire croire que cette meilleure façon était de proposer une application mobile, de préférence sur iPhone. Nous avons maintenant un minimum de recul sur la question et nous commençons même à y voir plus clair (Les applications mobiles sont des outils de fidélisation, pas de conquête et App-pocalypse Now).

Le but de cet article n’est pas de relancer le débat, mais plutôt de voir plus loin. En étant en permanence connectés, les internautes développent un appétit gargantuesque pour les contenus et services : ils en demandent toujours plus. Le problème est qu’ils ont une attention limitée. Du coup, les internautes consomment des unités de contenus de plus en plus petites pour ne pas s’étouffer. Twitter et Pinterest sont de très beaux exemples de services parfaitement en phase avec notre époque : diffuser des contenus ultra-courts et/ou visuels sur le web et les terminaux mobiles. Cette approche a d’ailleurs été théorisée : Why cards are the future of the web.

C’est très certainement l’assistant mobile Google Now qui illustre le mieux cette tendance au morcellement des contenus avec le principe d’infocards :

Le principe d'infocards de Google Now
Le principe d’infocards de Google Now

Lancé en 2013, le service Google Now a eu un impact non-négligeable sur la façon d’appréhender la distribution et la manipulation de l’information : pourquoi pour chercher à créer du trafic sur un site alors qu’il suffit de « pousser » les contenus et services aux utilisateurs par petits bouts ? Ce principe d’infocards s’est révélé tellement efficace qu’il a été intégré dans le systèmes de notification de la nouvelle version d’Android :

Les notifications avancées de Android 5.0
Les notifications avancées de Android 5.0

Idem chez Apple avec les active notifications :

Les notifications actives de iOS 8
Les notifications actives de iOS 8

Avec cette nouvelle approche, les contenus sont à échelle variable : ils prennent plus ou moins de place en fonction du terminal de consultation, mais restent viables et peuvent être facilement manipulés. Le principe de la géométrie fractale est ainsi appliqué aux contenus pour faciliter leur distribution dans et en dehors des applications (The end of apps as we know them).

Tout ceci peut vous sembler abstrait, mais je peux vous assurer qu’il s’agit d’une authentique révolution dans la façon de penser les contenus et services, car cette approche façon « poupée russe » a un énorme impact sur la distribution et le taux d’engagement. L’objectif de cette conception gigogne des contenus et services est de fluidifier la distribution sur différents types de terminaux (ordinateurs, tablettes, smartphones et même objets connectés comme les montres) et de stimuler les interactions rapides (en moins de 3 secondes une notification est lue et traitée).

Bien évidemment, vous vous doutez que cette conception gigogne nécessite un changement radical dans les méthodes et outils de conception : It’s time to adopt object oriented thinking. Les unités de contenus (titres d’article, vignettes de photos ou vidéos…), de même que les éléments d’interaction (messages, alertes, boutons d’action…) sont « pensés » selon une approche objet pour leur donner un maximum de flexibilité.

Pour le moment il est plus qu’hasardeux de théoriser sur les méthodes de conception gigogne et sur la fractalisation des contenus, mais je suis persuadé que derrière ces termes complexes se cache LA solution pour exploiter au mieux les smartphones et les nouveaux usages qui se développent autour. Entendons-nous bien : quand je dis « smartphones et nouveaux usages », je fais référence aux tout derniers modèles, ceux qui exploitent les dernières versions des OS de Google et Apple et proposent ces systèmes de notifications enrichies. Petit conseil : N’attendez pas que les habitudes s’installent chez les mobinautes, car si vous n’êtes pas en capacité de réagir rapidement à cette tendance, vos concurrents les plus habiles se feront une joie de vous prendre des parts de marché.

Conclusion : il est plus que temps de clore le débat « applications natives vs. sites mobiles » et de commencer à anticiper dès maintenant les nouveaux modèles de consommation / distribution des contenus, ainsi que d’exploitation des services en ligne en situation de mobilité.

2 commentaires pour “Comment les terminaux mobiles favorisent la conception gigogne des contenus et services”

  1. Posté par Patrick Peccatte a dit : le

    Merci pour cet article. Une petite remarque néanmoins. Je ne pense pas que l’on puisse comparer cette nouvelle approche où « les contenus sont à échelle variable », avec la géométrie fractale qui supposerait une certaine homothétie d’échelle, c’est-à-dire que les contenus présenteraient des caractéristiques tout à fait identiques à des échelle petites ou grandes. Il me semble que l’on est ici plus proche du « progressive disclosure » , de la découverte progressive des contenus, que l’on trouve déjà ailleurs, par exemple dans l’architecture Darwin (DITA)

  2. Posté par Comment les terminaux mobiles favorisent la conception gigogne des contenus et services | Mes espaces numériques a dit : le

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