Les tableaux de bord des voitures sont un sujet de réflexion très intéressant. D’une part, car les tableaux de bord donnent de la personnalité aux voitures, d’autre part, car une mauvaise conception peut tuer des vies. Si je ne dis pas bêtises, la notion de simplexité (l’art de rendre simple, lisible, et compréhensible les choses complexes) sort des bureaux d’étude de Renault. Bref, c’est un parfait sujet d’étude, d’autant plus avec l’arrivée de l’affichage numérique.
Jusqu’à présent, les tableaux de bord de nos voitures étaient essentiellement analogiques, comme nous le prouve la très belle collection de Car UX.
Cependant les choses sont en train de changer, notamment chez certains constructeurs haut de gamme qui se servent de leur tableau de bord comme argument de vente pour démontrer la capacité d’innovation. C’est ainsi le cas d’Audi avec le tableau de bord entièrement numérique de la prochaine version de sa TT : The Audi TT’s New ‘Virtual Cockpit’ Looks Incredible.Ce virtual cockpit, présenté au salon CES de lLas Vegas propose trois interfaces : Driving mode, pour la conduite courante, Navigation mode, avec les instructions cartographiques, et Media mode, pour manipuler la radio et le lecteur multimédia.
Vous conviendrez que le résultat est très convainquant. Les concepteurs pourraient néanmoins aller plus loin et proposer quelque chose de beaucoup plus futuriste. C’est le cas chez GM et son Advanced Design Studio qui réfléchit à des interfaces en rupture avec ce que nous connaissons : GM Concept UI.
Le résultat est très spectaculaire et nettement plus futuriste. En version animée, ce tableau de bord baptisé Elmiraj est beaucoup plus impressionnant :
Mais la palme revient très certainement à Tesla Motors pour l’incroyable panneau tactile de sa Model S : Tesla’s Groundbreaking UX, An interview with User Interface Manager Brennan Boblett.
La zone d’affichage derrière le volant est plutôt restreinte, mais l’immense écran tactile de la console centrale est assurément une idée de génie. L’équipe de conception avait un cahier des charges assez précis et devait suivre un certain nombre de principes pour l’interface qui devait être intelligente, inspirante, sophistiquée et empowering (mot que je ne sais toujours pas traduire).
Le résultat est tout simplement bluffant : tous les aspects de la voiture peuvent être contrôlés à partir de cet écran tactile, et le rendu graphique est impressionnant. Ça doit être un vrai régal pour le passager !
Je me demande dans quelle mesure les industriels peuvent innover dans ce domaine. J’imagine qu’il doit y avoir des contraintes réglementaires en France ou en Europe (à confirmer). Dans tous les cas de figure, quand je constate l’anormale augmentation des prix des voitures de Mr tout-le-monde (citadines…), je me dis que nos constructeurs nationaux pourraient faire un petit effort. J’aime bien le système R-Link de Renault, mais vous ne trouvez pas que ça manque d’ambition ? Serait-ce vraiment trop demandé, surtout quand on connait la valeur réelle d’une voiture (7.500 € pour une Logan contre 20.000 € pour certains modèles de Clio).
MàJ (18/04/2014) : Dans un autre genre, il y a aussi ce rétroviseur intérieur qui permet d’afficher la vue d’une caméra placée sur le pare-choc arrière : Nissan Just Revolutionized The Rearview Mirror.
Fredéric, bel article.
Pour ajouter ma brique … les films suivants datent un peu mais montrent également la conception des tableaux de bord chez Volvo, en particulier ils présentent l’adaptative TFT Crystal display : http://youtu.be/LUQkIr7QE9E et celui ci également : http://youtu.be/_TsEPSB0Qy8
Un autre article intéressant sur le même sujet : http://www.teehanlax.com/blog/the-state-of-in-car-ux/
Réflexion interessante où j’aimerai apporter quelques complements.
Pour connaitre assez bien les bureaux d’études des constructeurs auto qui bossent sur les IHM des tableaux de bord, je tenais juste à rappeler une notion que l’on manipule au quotidien et qui conditionne enormement les informations affichées dans un combiné. C’est la notion de distraction au volant, qui manque un petit peu à cet article pour l’equilibrer.
L’ecran tactile inscite de par son fonctionnement même à l’usage, mais cette qualité d’interface naturelle ( et sa possibilité de richesse d’info , cf la Tesla) peut rapidement se retourner contre l’automobiliste trop confiant et lui faire quitter la route 3 secondes de trop ( ce qui à 50Km/H vous fait parcourir 42mètres! de quoi largement renverser un gamin qui court aprés son balon) Hors la notion de sécurité et toujours prioritaire dans le monde auto.
Quand aux coûts, les choses sont effectivement en train d’evoluer et les dalles numeriques deviennent de plus en plus abordables pour des modeles de voitures qui ne sont pas forcement haut de gamme. Et donc les IHM innovantes et differentes de ce que l’on connait dans la rue aujourd’hui sont en train d’arriver de la part de tous les constructeurs.
De plus, il faut aussi parler du changement de contenu de ces interfaces, le fond conditionne la forme et non l’inverse ( enfin quand tout va bien…), Et les car apps des smartphones ainsi que les differentes aides à la conduites vont arriver en trombe dans les 5 prochaines années apportant leur lot d’IHM innovantes.
Enfin je peux aussi largement rassurer sur l’imagination et les capacités des designers d’IHM français et pour celà j’invite à aller voir les tableaux de bord des concepts car PSA et Renault.
Donc soyons rassuré, la révolution est en marche ?
Souvenir ému du tableau de bord numérique, découvert enfant, sur la Renault 11 Électronique au milieu des années 80. Je croit me souvenir que Fiat s’était livré à un exercice similaire quelques années plus tard sur sa Typo. Ces affichages étaient vraisemblablement plus un coup marketing qu’autre chose mais le rendu m’avait semblé efficace bien que je ne les ait jamais testés en tant que conducteur. Sans parler des annonces de vocale « niveau de carburant bas », « le moteur chauffe : arrêt immédiat »,… Sympa sauf quand sa part en vrille et qu’il n’existe aucun mécano à moins de 500 bornes capable de régler le problème (du moins à cette époque) !
Puis sont arrivés les GPS, tellement pratiques et efficaces au point de devenir indispensables, et les problèmes ont commencé, du moins pour moi. Sans compter que l’attention est régulièrement attirée par cet écrans, je les trouvent excessivement lumineux la nuit au point de constituer une gène et une fatigue. Sur mon Tomtom, j’avais réussit à trouver une astuce qui forçait l’écran à s’éteindre lorsque qu’aucune instruction n’était donnée ce qui palliait le problème. Utilisant désormais mon smartphone, j’ai installé un filtre « grisant » qui diminue la luminosité mais réduit le contraste et donc la lisibilité…
J’ai eu l’occasion de tester également un véhicule avec GPS embarqué : l’écran se situant dans la partie la plus haute du tableau de bord, j’ai fini par masquer l’écran avec un vêtement pour supprimer la gêne de cette luminosité trop importante à mon goût. Peut-être existait-il un réglage mais je ne l’ai pas trouvé sur le moment.
J’ai également été amené à voyager avec un Senic next-gen équipé d’un tableau de bord entièrement numérique : ça a été l’enfer. Non seulement le fond blanc entretien cette luminosité excessive, de mon point de vue, la nuit mais, en plus, les informations varient ou changent de place au gré des changement d’allure ou des fonctions que l’on active. Résultat, on perd de précieuses seconde à retrouver l’information, c’est déconcertant et même agaçant.
Non, décidément, je n’adhère pas à ces tableaux de bord numériques. C’est certainement une question d’habitude mais s’il faut passer un temps certain à décoder ou paramétrer le tableau de bord chaque fois que l’on change de véhicule… Lorsque je monte à bord d’une voiture « classique » je repère immédiatement les informations de base (vitesse, régime moteur, jauge d’essence, quelques voyants simples,…) et je n’ai plus à partir à la chasse aux infos. C’est clair et efficace.
Bref, sans nier les avantages possibles et encore inimaginables des tableaux de bord numériques, l’expérience utilisateur n’est pas encore au top. J’espère que les constructeurs auront le génie de trouver des moyens simples et efficaces de porter à l’attention de l’utilisateur les infos nécessaires sans que cela nécessite un brevet de pilote de navette spatiale.
Certes les photos présentées ici peuvent faire rêver les plus technophiles mais moi, ça me donne plutôt des cauchemars. Certes, le tableau de bord de la Tesla impressionne mais je croit que je vais rester, pour quelques années encore, attaché au bon vieux tableau de bord analogique.